Genre : science fiction
Editions Folio SF
Date de publication : 2007

Intrigue : Dans un avenir proche, les Hommes se sont disséminés sur plusieurs planètes pour fuir une nouvelle guerre mondiale et nucléaire sur la Terre. Sur un anneau de Saturne, Cerclon, le gouvernement a créé une dictature parfaite, car composée de citoyens s'auto-censurant qui ont perdu toute velléité de révolte. Au milieu de cette fourmilière, un petit groupe de personnes cherche à réveiller la conscience politique du reste de la population : la Volte.

Avec une écriture très dense et éclatée à la fois, Alain Damasio nous entraîne dans son univers, et surtout dans ses pensées sur l'avenir des "démocraties" occidentales. Une mine de réflexions intelligentes et salutaires sont malheureusement noyées dans de trop longs discours. Malgré ces longueurs, un auteur à découvrir absolument pour les amoureux des utopies noires.

Morceaux choisis : "Sais-tu, promeneur, que les tours peuvent observer n'importe qui, n'importe quand et à peu près partout ? Dans quel but et pour qui ? Peu importe. Il faut faire attention, simplement. Etre sur ses gardes. Au fond, tu redoutes moins le regard de la police que celui des proches, famille ou 'amis'. Si tu fermes les rideaux avant de faire l'amour, c'est en pensant à l'autre, les jumelles acérées, dans la tour. Ta probabilité d'être épié a beau être minuscule, tu prends sur toi les regards malveillants. Moi, je suis comme toi, je fabrique mes propres miradors et dans le même élan, je m'expose dessous. Qu'importe que je ne sois en fait jamais surveillé ? Je me surveille, quand même, 'Au cas où...' Aujourd'hui, ces trois petits mots ont ouvert une plaie que je suis incapable de refermer. 'Au cas où...' m'a appris à jouer deux rôles - espion et épié - et je les mélange tellement en moi qu'au fond même de mon lit j'ai pris ce pli : l'autodiscipline. La tour pourrait bien être vide, hein, vides les boxes, ça n'y changerait rien ! Le pouvoir s'exerce tout seul. Car 'au cas où...' demeure. Et avec lui le malaise, mon malaise lancinant... Avec lui cette posture sur laquelle prospère le pouvoir en démocratie : le self-control."

"Toute libérée qu'elle est, aucune femme n'échappe au désir d'être belle. Et plus insolite encore, l'idéal auquel elles tendent - petit-cul, taille-ronde, gros-seins, belle-bouche - n'existe tout simplement pas à l'état naturel ! Les seules femmes qui l'atteignent sont des images de synthèse ou des Croisées de la chirurgie ! Cette compulsion à être belle, couplée à cet idéal, voilà ce que nous appelons une norme. Il en prolifère des milliers dans toute société. Peur d'oser, peur de l'inconnu, refus de la liberté, instinct de facilité, identification, imitation... - une norme a toujours un faisceau de désir pour elle. Imposée par personne, elle s'impose à tous. Elle uniformise, elle homogénéise les comportements et les sensations plus et mieux qu'aucune dictature n'y est jamais parvenue !"