Genre : science fiction
Titre original : Exultant
Traduit de l'anglais par Dominique Haas
Editions Presses de la Cité
Date de publication : 2004

Intrigue : Dans un avenir très lointain, l'Homme a conquis l'espace et colonisé de nombreuses planètes, au dépend de nombreuses civilisations extra-terrestres. La guerre est perpétuelle dans une société où des enfants nés in vitro sont envoyés en première ligne. Un homme, nostalgique de la société d'autrefois, tente de mettre fin à cette usine à chair à canon.

Bien qu'étant le deuxième volume de la trilogie "Les enfants de la destinée", les liens entre cet ouvrage et le précédent sont très ténus. Bien sûr, on y fait allusion ici et là à la coalescence, ce type de société humaine pareil à une fourmilière. Mais ce nouveau volume part dans une tout autre direction qui se révèle, elle aussi, fascinante. Comment enrayer la machine de guerre dont bénéficient tous les puissants ? Peut-on vraiment l'enrayer ? Le personnage du commissaire Nilis est attachant et exprime à plusieurs reprises des pensées fort profondes. Il est seulement regrettable que l'auteur se soit tant laissé entraîner dans des considérations techniques en astrophysique qui sont hermétiques pour le lecteur. Cela n'empêche pas le roman d'être, dans l'ensemble, captivant, en particulier grâce au dédoublement du personnage principal, Pirius, par le biais d'un paradoxe temporel.

Morceaux choisis : "- De quoi avez-vous peur ? demande Même Ca.
- Ils sont tellement jeunes, répondit Nilis. Si jeunes... Ce ne sont que des enfants...
- Des enfants qui ont vu mourir leurs camarades, dit Pirius.
- Ce n'est pas d'eux que j'ai peur, c'est de moi, dit Nilis.
Il fit mine de tapoter la tête de Tili, mais quand sa paume effleura ses cheveux, elle s'éparpilla en une pulvérisation de pixels multicolores. Le petit affichage de feu d'artifice fit rire les cadets, et Pirius vit des larmes emplir les vieux yeux de cet imbécile de Nilis.
- Vous voyez, je savais que je ne pourrais pas supporter ça, venir dans l'une de ces terribles nurseries - même la base des Arches était une véritable académie militaire à côté de ça... Ils sont tellement jeunes ! Et, mes aïe-yeux ! je ne peux pas tous les sauver - je ne peux pas en sauver un seul !
- Mais peut-être que si, commissaire, dit Pirius Bleu. Peut-être qu'on peut le faire.
- En tout cas, nous devons absolument essayer, répondit Nilis dans un chuchotement rauque."

"- Il ne faut pas être génial pour comprendre que notre glorieux effort de guerre s'est tari, que c'est un monstrueux gâchis. A tout moment, il peut y avoir des douzaines de Nilis qui courent partout avec des idées brillantes pour raccourcir la guerre ou y mettre fin.
Il frotta sa mâchoire graisseuse.
- Et peut-être qu'une fois par génération vous tombez sur un vrai Nilis, et sur un plan tellement bien pensé, tellement convaincant, que vous vous dites qu'il pourrait peut-être marcher.
- Une fois par génération ?
- C'est dans les archives. Je parierais que Nilis lui-même sait qu'il a eu des quantités de prédécesseurs.
- Depuis le début de la guerre, beaucoup de générations ont dû passer.
Gramm éclata de rire.
- Absolument. Et beaucoup d'idées brillantes. Dont plusieurs avaient probablement une certaine ressemblance avec le projet de Nilis.
- Alors, que leur est-il arrivé ?
- Elles ont été bloquées. Par des gens comme moi.
Il changea de position, regarda fixement Pirius.
- Voyez les choses de mon point de vue. Je sais maintenant que, pour remporter la guerre, il va falloir que nous prenions un risque. Mais la question est : quel risque ? L'idée de Nilis est celle qui...
- Ou devez-vous attendre qu'une idée plus futée se présente ?
Gramm étrécit les paupières.
- Vous avez des qualités, enseigne. Je comprends pourquoi Nilis vous a tiré du bourbier. Vous voyez, le plus simple, pour moi, serait de vous faire lanterner - même pas de refuser votre projet, juste de le faire ajourner. Je ne serai pas éternellement à ce poste. Que mon successeur prenne les décisions difficiles, s'il l'ose. Cette phase de la guerre dure depuis trois mille ans. Ce n'est pas mon combat. Je ne suis qu'un dépositaire. Comment pourrais-je supporter que l'échec crucial se produise pendant mon mandat ?"