Genre : science fiction
Titre original : Gradisil
Traduit de l'anglais par Elisabeth Vonarburg
Editions Gallimard Folio SF
Date de publication : 2008

Intrigue : Durant la deuxième moitié du XXIème siècle, les hommes colonisent l'espace environnant la Terre. S'y installent des millionnaires excentriques et quelques criminels à la recherche d'impunité. Ce nouveau pays que l'on appelle les Hautes Landes, devient vite un enjeu économique et militaire pour les grandes puissances terriennes. Une femme hautes-landaise, Gradisil Gyeroffy-Baldwin, se bat pour faire de ce territoire immense une nation.

Le roman se déroule sur deux plans imbriqués l'un dans l'autre : l'Histoire, qui est centrée sur la création des Hautes-Landes, et une saga familiale. Fille d'une Hautes-landaise dont le père a été assassiné par un agent américain, Gradisil devient l'incarnation des Hautes-Landes, avec ses valeurs anarchistes. Ce personnage extrêmement charismatique ne s'offre jamais aucun moment de faiblesse, et est même prêt à se faire passer pour un martyre. Le lecteur découvre Gradisil à travers son époux, Paul Caunes, qui est un être faible et complexé. Paul décrit ses propres frustrations et fureurs contenues face à une femme au cœur de pierre et à l'ambition démesurée. A travers les péripéties de cette famille hautes-landaise, c'est avant tout la complexité des relations conjugales et familiales que l'auteur décrit. Gradisil se trouve au centre de toutes ces relations, et en donne la tonalité. Un roman émouvant et très bien écrit, malgré quelques maladresses dans la traduction française.

Morceaux choisis : "En fait, ma part dans ce récit est simple, et la voici : c'est l'histoire d'une femme qui épouse un homme, non par amour, mais pour les occasions qu'il lui offre. Il est une branche où elle peut poser le pied, une marche d'escalier sur la voie où elle désire s'engager. Et le désir de cette femme est quelque chose de puissant, la force de sa volonté peut faire trembler les nations et gagner des guerres. Peut-être même ne méprise-t-elle pas cet homme. Il se passe parfois des semaines et même des mois pendant lesquels elle n'est pas pleinement consciente de son existence. Elle ne le hait même pas, ce qui est pire, car dans la haine il pourrait y avoir une sorte de passion qui répondrait à la sienne."

"Toutes les trahisons se ressemblent. Face à une infidélité, un mari demande à sa femme 'Pensais-tu à moi quand tu étais avec lui ?' La seule réponse acceptable (même si peu de gens s'en rendent compte), c'est 'Oui, je ne le baisais que pour me venger de toi', parce qu'elle nous permet, si nous sommes assez forts, de croire que nous occupons encore une bonne portion de l'esprit de l'autre. Mais la vérité, c'est toujours 'non', l'abominable non. La vérité, c'est toujours 'J'étais tellement emportée par ma passion, je ne pensais qu'à lui, en fait, je pensais à peine.' Voilà l'acide rongeur de la trahison. Rien à voir avec la perte de possession du corps de l'autre ; cela concerne une terreur bien plus primitive, celle d'être ignoré. "