Genre : fiction historique
Editions Sonatine
Traduit de l'américain par Fabrice Pointeau
Date de publication : 2010

Intrigue : le 22 novembre 1963 est un de ces jours douloureux pour l'histoire des Etats-Unis, le jour de l'assassinat de John F. Kennedy. Le roman est basé sur les témoignages écrits ou oraux de plusieurs personnes ayant assisté à ce drame, ou des événements qui lui sont directement associés. Il est toutefois centré sur le personnage de Jackie Kennedy, l'épouse du président.

Jackie Kennedy est décrite comme une sorte d'ange qui découvre l'enfer au moment de la mort violente de son époux, mort dont elle a été le témoin le plus proche. Son détachement voire le refus complet d'accepter la triste réalité est touchant, mais l'auteur insiste trop, il me semble, sur le sentiment de perte de celle qu'il considère, visiblement, comme la femme idéale. J'aurais préféré un roman un peu plus politique et donc plus critique face à un événement historique qui n'a toujours pas été élucidé. Comme le rappelle l'excellent film d'Oliver Stone, JFK, les pièces maîtresses de l'affaire sont toutes classées secret défense et restent pour cette raison inaccessibles aux historiens. Par ailleurs, il paraît acquis que J. F. Kennedy n'était pas le surhomme décrit par A. Braver, mais n'était pas dénué de défauts. Seul un court passage sur son infidélité conjugale laisse sous-entendre cela dans le roman. Au total, un roman au style quasi-journalistique qui annonce son parti pris et le conserve jusqu'à la fin, au grand dam du lecteur. Reconnaissons toutefois que quelques touches poétiques relèvent le niveau de ce roman, et l'on regrette seulement qu'il n'y en ait pas eu davantage.

Morceaux choisis:
"Il est impossible de ne pas penser en termes de 'si'. Quand elle a traversé la cabine pour se rendre à la prestation de serment, elle a envisagé une douzaine de 'si'. Elle a pensé au temps. A la coque transparente. Aux divers arrêts sur le trajet, chaque fois que Jack a ordonné au chauffeur de ralentir pour dire quelque chose à un spectateur. Peut-être quand ils ont négocié le virage pour s'engager dans le centre-ville. Si elle s'était penchée pour dire quelque chose et que, ne l'entendant pas,j il s'était penché en arrière à l'instant même où fusaient les balles. Si elle avait été assise juste un peu plus près de lui. Si le vent avait tourné et que les bannières s'étaient agitées dans le sens inverse. Ou si elle avait repoussé les cheveux sur son front. Ou si Patrick n'était pas mort. 'Si' était une fraction de seconde que presque n'importe quel détail aurait pu modifier."

"Elle lui sourit.
'- Je me brise, dit-elle. Je me brise de partout.
- Tu te brises ?
- Je me désagrège. Je tombe en morceaux.
- Tu veux que je fasse venir le Dr Walsh ?
- Il a déjà essayé. Je crois que je pourrais mourir d'une overdose avant que ses médicaments ne fassent effet."