Genre: roman
Titre original : Devil's Valley
Editions Le livre de poche - Stock
Traduit de l'anglais par Bernard Turle
Date de publication : 1999

Intrigue : Un journaliste cinquantenaire recroise un de ses fantasmes de jeunesse : partir à la découverte de la Vallée du diable, une partie complètement isolée d'Afrique du Sud où d'anciens colons néerlandais vivent en autarcie depuis des générations.

A travers la description de ce microcosme malsain régi par la consanguinité et le fanatisme religieux qu'est le Vallon du diable, l'auteur décrit l'intolérance et la xénophobie caractéristiques des sociétés autarciques. La psychologie de la plupart des personnages, bien que paraissant parfois caricaturale, pourrait en réalité être transposée telle quelle à certains villageois de nos campagnes françaises, encore aujourd'hui ! Bien sûr, le portrait à charge est volontairement poussé à l'extrême, comme dans un souci de pédagogie, mais le message est puissant et efficace : nous avons besoin des "autres" pour rester humains. Malgré le parler volontairement vulgaire du personnage principal qui dérange un peu le lecteur - car il n'apporte rien au récit, ce roman est remarquable par son message de tolérance et d'ouverture.

Morceaux choisis : " 'Mais voici quelque chose de vraiment magique', affirma Isak en sortant du coffre une boîte sculptée. Le genre de babiole qu'on pioche aux puces sans savoir, puis qu'on repose instantanément.
'Qu'est-ce que tu dis de ça ?
- Pas mal - je préférais ne pas me mouiller.
- L'important est à l'intérieur, Neef Flip - voix réduite à un filet tandis qu'il plaçait la boîte dans mes mains irrévérencieuses. Dans cette boîte, dit-il, résident les Ténèbres de l'Egypte.
- Je peux l'ouvrir ?'
Il m'arracha l'objet des mains, horrifié. 'Jamais ! Les Ténèbres s'échapperaient. T'imagines pas ce que mon grand-père a dû endurer pour transporter cette boîte par monts et par vaux dans le vaste monde ! Il avait un tas d'ennemis à ses trousses : les Egyptiens, les Turcs, les philistins, les Maures, les Juifs, les Indiens, le monde entier lui courait après. Et maintenant, c'est dans notre temple qu'est conservé ce trésor, ici même ! T'imagines ? Moi je te dis : tant que cette boîte est parmi nous, il peut rien nous arriver."

" - Votre seconde épouse s'appelait Bilhah ?
- Dieu sait comment elle s'appelait vraiment ! C'est moi qui l'ai baptisée Bilhah. Voyons, comment un homme pourrait-il pécher avec le corps d'une femme s'il ne lui a pas donné un nom biblique ?
- C'était une Hottentot, déclarai-je sans ciller.
- Que pouvais-je faire d'autre ? Abraham, Isaac, même Jacob, tous ont dû s'accommoder de ce qu'ils ont trouvé, pas vrai ? C'est la parole de Dieu. Et, de toute manière, une racine a besoin d'eau, elle est faite comme ça - il se gratta la barbe. Ca aurait causé aucun problème ... si son sacré mari avait pas commencé mos à faire des histoires. ... J'accuse pas Bilhah. C'était une bonne meid. Mais, quand tout est dit, il y a que le Blanc qui vaut, bon Dieu ! Et Dieu aime le sang pur. Une race bâtarde est une épine dans Son pied."