Genre : roman historique, ésotérisme
Editions Michel Lafon
Date de publication : 2010

Intrigue : Les fils de Judas de Gamala, rebelle contre le pouvoir romain et descendant du roi David, découvrent le cadavre d'un homme qu'ils identifient comme leur frère aîné Jean, disparu depuis 20 ans. Le scribe Jacques et sa nièce Sara mènent l'enquête et vont de découvertes en découvertes, dans un chemin qui croise sans cesse celui d'une autre personnalité : Jésus de Nazareth...

Outre les données historiques qui jalonnent l'ouvrage et lui donnent une épaisseur et un réalisme remarquables, l'auteur a le don de faire rebondir sans cesse son intrigue jusqu'au dénouement. Il a d'autant plus de mérite que tout le monde connaît déjà le dénouement de l'histoire qu'il a choisi de narrer : la crucifixion du Christ. Esotérisme gréco-égyptien, intrigues entre communautés juives, sombres initiations, inceste et dissimulation, Frédéric Mars revisite admirablement "l'affaire Jésus". Ce roman érudit et iconoclaste met non seulement très bien en valeur les enjeux historiques du sacrifice du Christ, mais aussi les mécanismes de la mise en place d'une nouvelle religion par le biais de la création d'une légende. Chaque personnage historique y est dépeint avec réalisme et talent, et c'est sans doute l'un des points forts de ce roman, qui en a cependant beaucoup d'autres.

Morceaux choisis : "- Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
Le premier psaume de David ! Les phrases exactes lui revinrent, soudain : 'Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs.' Chaque nouvelle intervention de Jésus confirma son impression initiale. Et plus les autres adhéraient, enthousiasme vibrant autour de lui comme un drap que le vent agite, plus il sentait monter en lui la colère.
- Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Le psaume 32, l'un des plus connus, l'un des plus beaux : 'Heureux l'homme à qui l'Eternel n'impute pas d'iniquité, Et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude.' Il chercha désespérément autour de lui une expression de doute, un sourire blasé, une réaction qui lui aurait prouvé qu'il n'était pas le seul à remarquer l'évidence. Ce n'est pas possible que je sois le seul à m'en apercevoir ! C'est donc ça, 'Jésus', la méthode Jésus, le style Jésus ? Une compilation de textes trop connus pour être encore lus ? Un ramassis d'aphorismes que chacun pouvait s'approprier sans difficulté, et pour cause, puisque chacun les connaissait, plus ou moins consciemment !"

"Les autres mages séduisaient en se donnant des airs importants, en gonflant leur plastron comme des coqs, en multipliant les effets et entretenant entre leur public et eux une distance prudente. Celui-ci procédait tout à fait à l'inverse : proche, accessible, volontiers inférieur au plus démuni d'entre eux. N'avait-il pas, depuis le début de son ministère, baisé des lépreux, lavé les pieds d'une prostituée, offert le peu qu'il possédait à des pauvres, donné aux propos de jeunes enfants plus de crédit qu'à ceux de leurs parents ? Et le pire, c'est que cela marchait ! La ferveur autour de lui enflait et, à mesure qu'il approchait de Jérusalem, les rangs des curieux grossissaient autant que ceux de ses disciples se clairsemaient. L'infirme hésita un moment. Il descendit prudemment du rocher, avança un pied - le bon - puis le mauvais, et ainsi de suite, sans presque marquer de pause, chancelant juste assez pour qu'on puisse croire qu'il venait bien de recouvrer ses facultés à l'instant. Bravo, c'est magnifique ! Simon faillit applaudir, tant le spectacle était soigné, et, à certains égards, convaincant.
- Il l'a guéri ! Jésus l'a guéri !"